Sur une péninsule fertile près de Naples, deux villes romaines offrent un aperçu de l'éruption du Vésuve en 79 après J.-C. Pompéi, une colonie romaine dynamique comptant peut-être 11 000 à 20 000 habitants, fut ensevelie sous 4 à 6 mètres de cendres et de pierre ponce. Ses rues pavées, son grand forum, son amphithéâtre et ses innombrables maisons sont remarquablement préservés : villas ornées de fresques, boulangeries avec fours en briques et graffitis en plâtre sont toujours présents. Dans le Forum de Pompéi, les colonnes du Capitole se dressent face à la silhouette imposante du Vésuve (encore fumant par les rares jours clairs). Aujourd'hui encore, les visiteurs peuvent arpenter ses rues principales et admirer un aperçu saisissant de la vie quotidienne. On y croise des moulages de victimes figés sur place : du plâtre coulé dans les vides des corps en décomposition a préservé leurs postures finales. Des peintures murales rouges et blanches, des motifs de mosaïque au sol et un étal vendant de l'huile d'olive ou du garum (sauce de poisson) évoquent le commerce d'une ville romaine. Il est remarquable que les débris volcaniques aient également préservé des vestiges organiques – toits en bois, poutres, et même les silhouettes de centaines de victimes domestiques. Touristes et chercheurs sont impressionnés par cet « aperçu unique de la vie romaine », comme le souligne l'UNESCO.
Au-delà de Pompéi, à moins d'une journée de marche des rives du volcan, Herculanum offre un portrait plus intime. Plus riche mais plus petite (peut-être 4 000 habitants), elle fut recouverte par une vague pyroclastique de 20 mètres de profondeur. Ses rues sont plus étroites ; le bois et le marbre préservés des maisons d'Herculanum laissent entrevoir des intérieurs somptueux. La Villa des Papyrus, enfouie intacte, contenait une bibliothèque de rouleaux carbonisés actuellement étudiés. En parcourant les ruelles ombragées et pavées d'Herculanum, on croise des colonnades et des bains en ruine dont les tuiles sont intactes, et même des poutres en bois incrustées de cendres. L'air embaume d'un parfum de moisi et de plâtre vieilli. Dans les hangars à bateaux en bord de mer, les archéologues ont découvert des centaines de squelettes de ceux qui avaient fui ici pour se mettre à l'abri. Dans tous ces espaces, on ressent un silence chargé d'histoire. Aujourd'hui, les deux sites fonctionnent comme des musées en plein air : parmi les ruines, on entend les récits des guides et les pas, mais aussi les pigeons roucouler parmi les colonnes.
Le Vésuve, le point zéro, a souvent une allure fantomatique : le brouillard matinal peut s'installer bas sur les rues, la chaleur de midi brûle les dalles de trottoir brisées et, au crépuscule, les longues ombres créent un clair-obscur saisissant sur les murs ornés de fresques. À Pompéi, les dessins d'enfants sur l'exode, accrochés aux murs, ressemblent à des gribouillis du Ier siècle ; à Herculanum, la lumière du soleil, filtrant à travers une lucarne, éclaire les poissons en mosaïque d'un sol en triclinium. À la fin de la journée, au milieu de ces villes en ruines, surplombées par le volcan, le profond silence et l'état de conservation remarquable laissent une impression indélébile de la rapidité avec laquelle la vie peut s'interrompre – et de la profondeur de son évocation, des siècles plus tard, à ceux qui l'écoutent attentivement.