Médine

Guide de voyage à Médine

Médine occupe une place unique dans l'histoire de l'humanité : une colonie antérieure de plus d'un millénaire à l'islam, mais qui a irrévocablement transformé le monde au VIIe siècle de notre ère. Aujourd'hui, son nom – al-Madīnah al-Munawwarah, « la Cité illuminée » – évoque à la fois l'aura lumineuse de la foi et les multiples facettes de l'activité humaine qui ont façonné ses pierres, ses jardins et ses déserts. Répartie sur près de 600 kilomètres carrés du plateau du Hedjaz, la ville compte quelque 1,4 million d'habitants, mêlant familles saoudiennes de longue date et migrants et pèlerins attirés par son rayonnement religieux, culturel et économique.

Dès ses origines sous le nom de Yathrib, l'identité de Médine s'est forgée au carrefour du commerce, de l'agriculture et des alliances tribales. Les oueds fertiles d'Aql, d'Aqiq et de Himdh recueillaient les rares pluies nécessaires à la culture de palmeraies et de céréales dans un environnement par ailleurs aride, composé de sols basaltiques et de cendres volcaniques. Les crêtes environnantes – Sal'aa au nord-ouest, Jabal al-ʻIr au sud et les hauteurs vertigineuses du mont Uhud – formaient un plateau propice à la colonisation bien avant la migration de Mahomet de La Mecque en 622 apr. J.-C. Durant ces siècles préislamiques, le territoire était administré par des tribus judéo-arabes, ponctuées de groupes de tours de pierre basaltique qui témoignaient de la valeur stratégique de ce carrefour.

Avec l'arrivée de Mahomet et de ses disciples – les Muhājirūn de La Mecque et les Ansār originaires de Yathrib –, la ville entra dans une nouvelle ère. Rebaptisée Madīnat an-Nabī (« Cité du Prophète ») puis al-Madīnah al-Munawwarah, elle devint le berceau de la vie communautaire et de la gouvernance musulmanes. La mosquée du Prophète s'élevait à la limite de l'ancienne colonie, à côté de la demeure de Mahomet, une simple cour encadrée de troncs de dattiers et recouverte de tissu. C'est là que la communauté musulmane naissante se réunissait, priait et jugeait, tandis que les vergers de dattiers environnants fournissaient à la fois subsistance et revenus. À mesure que les révélations coraniques se concentraient sur des sourates médinoises plus longues et axées sur la communauté, la jeune foi approfondit ses fondements juridiques, éthiques et sociaux.

Aujourd'hui, le paysage urbain de Médine est dominé par la mosquée al-Nabawi, agrandie. Son dôme vert éclatant couronne la rawḍah, la chambre funéraire du Prophète, aux côtés de celles d'Abou Bakr et d'Omar. Sous un dais de 250 parapluies pliants, les fidèles s'arrêtent devant la chaire – ou minbar – où Mahomet a prononcé un jour un discours. Les agrandissements successifs de la mosquée, notamment les colonnes ottomanes et les installations modernes, reflètent l'histoire en cours de l'islam. À quelques kilomètres de là, la mosquée Quba, érigée lors de la première étape de Mahomet, près de Yathrib, est le plus ancien lieu de culte islamique. La tradition attribue à deux rak'ahs accomplies ici le samedi la valeur d'un pèlerinage de la ʻumra, consolidant ainsi sa place dans la pratique dévotionnelle. La mosquée al-Qiblatayn, où la direction de la prière a changé de Jérusalem à La Mecque, inscrit encore davantage le récit spirituel en cours de la ville.

Mais le patrimoine de Médine s'étend au-delà de ses mosquées. Le cimetière d'Al-Baqī, situé à la limite sud de la ville, abrite les tombes des premiers Compagnons et de personnages vénérés dont la vie a contribué à définir la piété musulmane. Le mont Uhud, site de la bataille éponyme en 625 de notre ère, témoigne encore du courage et du sacrifice qui ont façonné la détermination de la communauté. Même les collines volcaniques au sud, autrefois monuments silencieux des temps géologiques, offrent aux pèlerins et aux habitants ombre et perspective.

Au fil des siècles, Médine passa sous différentes puissances : des califes Rachidun aux Omeyyades et aux Abbassides ; plus tard sous la domination des gouverneurs mamelouks et ottomans ; brièvement intégrée aux premières sphères saoudienne et égypto-ottomane ; et enfin, en 1925, incorporée au royaume moderne d’Arabie saoudite. Chaque époque a laissé son empreinte, qu’il s’agisse du chemin de fer du Hedjaz construit par les Ottomans entre 1904 et 1908, dont le terminus médinois subsiste aujourd’hui tel un musée paisible, ou des autoroutes et des quartiers urbains façonnés sous la domination saoudienne. Les douze districts administratifs englobent aujourd’hui des quartiers urbains densément peuplés et des oliveraies, des cônes volcaniques endormis et des ravins asséchés.

Le climat de Médine souligne son caractère désertique et oasien. À 620 mètres d'altitude, soit près de deux fois l'altitude de La Mecque, la ville connaît des étés caniculaires qui dépassent régulièrement les 45 °C, tandis que les nuits d'hiver descendent à 8 °C. Les précipitations, rares, tombent principalement de novembre à mai, nourrissant les palmiers et les dattiers qui ont longtemps soutenu l'économie agraire locale. En 1920, les agriculteurs cultivaient 139 variétés de dattiers, ainsi que des légumes adaptés à ces sols de plaine inondable. Bien que la ville se soit développée au-delà de ses vergers, les terres agricoles à sa périphérie et les champs volcaniques environnants témoignent encore de son patrimoine écologique.

Le paysage socio-économique de Médine s'articule aujourd'hui autour du tourisme religieux, des initiatives culturelles et d'une industrie naissante. Deuxième ville sainte de l'islam – après La Mecque et avant Jérusalem –, elle attire chaque année des millions de personnes, qu'il s'agisse de pèlerins accomplissant le Hajj ou de visiteurs attirés toute l'année par ses mosquées et ses sites historiques. Pour les soutenir, le Complexe du Roi Fahd pour l'impression du Saint Coran est le plus grand éditeur de Coran au monde, distribuant des centaines de milliers de volumes dans des dizaines de langues. À proximité, les musées d'Al Madinah et de Dar Al Madinah retracent l'héritage archéologique, architectural et spirituel de la ville, tandis que le musée ferroviaire du Hedjaz préserve les vestiges des locomotives à vapeur ottomanes.

Aux côtés de ces institutions, le Centre des Arts de Médine et les forums consacrés à la calligraphie arabe et à la sculpture vivante témoignent d'un engagement croissant envers les arts visuels et du spectacle. Ce dernier rassemble des artistes de toute la région pour explorer les racines ancestrales de la sculpture et inspirer une nouvelle génération, tandis que le Centre de calligraphie arabe, aujourd'hui Centre Prince Mohammed bin Salman, affiche l'ambition de faire de l'écriture une discipline internationale.

La diversification économique a donné naissance à deux zones industrielles, abritant plus de 230 usines produisant une grande variété de produits, des dérivés du pétrole aux denrées alimentaires. La Cité économique du savoir, inaugurée en 2010, promet une croissance technologique et immobilière accrue. La connectivité s'est également améliorée : l'aéroport international Prince Mohammad bin Abdulaziz, reconnu pour sa certification LEED Or et ses prix d'ingénierie internationaux, a accueilli plus de huit millions de passagers en 2018, tandis que la ligne à grande vitesse Haramain relie Médine à La Mecque, Djeddah et la Cité économique du roi Abdallah à une vitesse de 300 km/h.

Dans la ville, les transports en commun sont passés d'une seule compagnie de bus en 2012 à des dizaines de lignes, dont des lignes touristiques dédiées, qui transportent fidèles et visiteurs vers les sites clés. Les projets de bus à haut niveau de service et même de réseau de métro à trois lignes reflètent la vision de la municipalité de Médine d'un tissu urbain moderne, respectueux de son passé tout en répondant aux besoins actuels.

La démographie de Médine est tout aussi complexe. Les citoyens saoudiens représentent près de 59 % de la population, tandis que les résidents étrangers – souvent liés au tourisme religieux, aux services gouvernementaux ou à l'emploi industriel – constituent le reste. Les musulmans sunnites de diverses écoles jurisprudentielles prédominent, mais la ville abrite également des communautés dynamiques de chiites, de chrétiens expatriés, d'hindous et d'autres groupes, qui vivent au-delà des limites du haram et contribuent à son atmosphère multiculturelle.

Enfin, visiter Médine aujourd'hui est une expérience à la fois familière et nouvelle. Les non-musulmans peuvent désormais s'approcher du périmètre extérieur de la mosquée du Prophète – une modification introduite en 2021 –, mais l'entrée reste réservée aux croyants. À l'intérieur et au-delà de l'enceinte sacrée, les visiteurs doivent observer un code vestimentaire modeste, conscients que même un faux pas peut attirer l'attention dans ce contexte profondément respectueux. Les détenteurs d'un visa Hajj empruntent les voies réglementées par le gouvernement, tandis que les détenteurs d'un visa touristique ordinaire sont accueillis dans une ville dont les richesses historiques récompensent à la fois dévotion et curiosité.

L'essence de Médine réside dans l'interaction de ses pierres anciennes et de ses ambitions modernes, de ses fondations désertiques et de ses palmiers cultivés, de ses mosquées sacrées et de ses marchés animés. Ici, les échos des révélations du VIIe siècle résonnent au milieu du bourdonnement des trains à grande vitesse et du murmure des palmiers dattiers. À travers ses vallées et ses collines, on perçoit une continuité de but : un lieu où la foi a donné naissance à la communauté, où la communauté a exigé des structures de justice et de charité, et où ces structures continuent d'évoluer dans la pierre, l'acier et l'esprit. Au rythme de la prière, à l'ombre des auvents des parapluies et aux ateliers de calligraphie qui animent ses places, Médine se dresse à la fois comme un sanctuaire immuable et une ville vivante, façonnée par le passé, engagée dans le présent et guidée par des principes qui illuminent ses rues depuis près de quatorze siècles.

Riyal saoudien (SAR)

Devise

622 CE

Fondé

+966 (Arabie saoudite) + 14 (Médine)

Code d'appel

1,512,724

Population

589 km² (227 milles carrés)

Zone

arabe

Langue officielle

608 m (1 995 pi)

Élévation

UTC+3 (heure normale d'Arabie)

Fuseau horaire

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