Taïwan

Taïwan occupe un arc étroit entre les mers de Chine orientale et méridionale, où cinq chaînes de montagnes dominent ses deux tiers est et une série de plaines s'étend sur son tiers ouest. L'île elle-même s'étend sur 35 808 kilomètres carrés, au sein d'un total de 168 îles sous juridiction de la République de Chine, couvrant 36 193 kilomètres carrés. Taipei, New Taipei City et Keelung forment sa plus grande agglomération, abritant près de 24 millions d'habitants, ce qui place Taïwan parmi les territoires les plus densément peuplés de la planète.

La présence humaine à Taïwan remonte à au moins 25 000 ans. Il y a environ 6 000 ans, des colons austronésiens sont arrivés et ont établi les ancêtres des communautés autochtones actuelles. Au début du XVIIe siècle, les autorités coloniales néerlandaises ont supervisé le premier afflux important de migrants Han, un mouvement qui s'est poursuivi sous le royaume de Tungning, premier État dirigé par les Han sur l'île. Les forces Qing ont annexé Taïwan en 1683, pour la céder au Japon en 1895. Après la capitulation du Japon en 1945, la République de Chine a pris le contrôle ; un conflit civil avec les forces communistes a conduit le gouvernement de la République de Chine à se réinstaller à Taïwan en 1949, limitant désormais son autorité effective à Taïwan, Penghu, Kinmen, Matsu et une poignée d'îlots de la mer de Chine méridionale.

Entre les années 1960 et 1980, l'économie taïwanaise a connu une croissance rapide, une transition souvent qualifiée de « miracle taïwanais ». L'industrialisation a suivi un modèle orienté vers l'exportation, centré sur l'acier, les machines, l'électronique et les produits chimiques. Les petites et moyennes entreprises sont devenues l'épine dorsale de la production, se différenciant des grands conglomérats des économies voisines. En octobre 2022, Taïwan se classait au vingt-et-unième rang en termes de PIB nominal et au vingtième rang en termes de parité de pouvoir d'achat, avec un total d'échanges commerciaux atteignant 907 milliards de dollars américains : 479,5 milliards de dollars d'exportations et 427,6 milliards de dollars d'importations. La Chine, les États-Unis et le Japon ont représenté ensemble plus de 40 % de ces échanges. Les parcs technologiques et la transition vers des industries à forte intensité de capital ont soutenu une croissance soutenue.

Géologiquement, Taïwan est un bloc de failles inclinées. Les cinq chaînes de montagnes à l'est comprennent des sommets dépassant les 3 500 mètres ; la plus haute, Yu Shan, culmine à 3 952 mètres, faisant de Taïwan la quatrième île la plus haute d'Asie de l'Est. La tectonique active et le volcanisme sous-marin provoquent de fréquents tremblements de terre. Quatre écorégions terrestres – forêts sempervirentes subtropicales, forêts pluviales de mousson, îles de la mer de Chine méridionale et forêts de mousson du sud – abritent une flore et une faune diversifiées. L'intégrité du couvert forestier a obtenu un score de 6,38 sur 10 en 2019, plaçant Taïwan au soixante-seizième rang sur 172 pays.

Sur le plan climatique, Taïwan se situe sur le tropique du Cancer. Les précipitations atteignent en moyenne 2 600 millimètres par an, avec de fortes averses de mai à septembre en raison de la mousson d'Asie de l'Est. Un temps chaud et humide persiste de juin à septembre, période pendant laquelle les typhons sont les plus fréquents. Les hivers, de novembre à mars, apportent des pluies régulières au nord-est, tandis que les zones centrales et méridionales restent relativement sèches et ensoleillées. Les températures moyennes ont augmenté de 1,4 °C au cours du siècle dernier, soit le double de la hausse moyenne mondiale, ce qui a incité les gouvernements à se fixer des objectifs de réduction des émissions de 20 % d'ici 2030 et de 50 % d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 2005.

Le statut politique de l'île reste non résolu. Taïwan a perdu son siège aux Nations Unies en 1971, les membres ayant reconnu la République populaire de Chine ; le gouvernement de la République de Chine a abandonné en 1991 sa prétention de 1949 à représenter l'ensemble de la Chine. Pékin maintient que Taïwan fait partie de son territoire et refuse toute reconnaissance diplomatique aux États entretenant des liens officiels avec Taipei. La République de Chine entretient aujourd'hui des relations officielles avec onze membres de l'ONU et le Saint-Siège, tandis que d'autres accueillent des ambassades de facto sous divers titres. La politique intérieure s'articule autour de deux coalitions : les partis bleus sont favorables à une éventuelle unification sous la République de Chine, tandis que les groupes verts soutiennent l'indépendance formelle. Les deux camps ont modéré leurs positions pour séduire un plus large public.

Les réseaux de transport se concentrent là où les gens se rassemblent. En mars 2019, 13,86 millions de scooters transportaient deux fois plus de résidents que les voitures. Les autoroutes s'étendent sur 1 619 kilomètres, principalement le long des côtes. L'administration des chemins de fer de Taïwan exploite un système circulaire ; le train à grande vitesse de Taïwan relie les villes de l'ouest. Les métros urbains desservent Taipei, New Taipei, Kaohsiung, Taoyuan et Taichung. Les aéroports de Taoyuan, Kaohsiung, Songshan et Taichung gèrent le trafic civil. Sept compagnies aériennes nationales opèrent, en tête desquelles China Airlines et EVA Air. Sept ports maritimes, dont Kaohsiung a traité 58,6 % des 750 millions de tonnes de trafic du pays en 2021, soutiennent le commerce maritime.

La population de Taïwan, environ 23,4 millions d'habitants en 2022, comprend 95 % de Chinois Han, 2,4 % d'Austronésiens autochtones et 2,6 % d'immigrants plus récents de Chine et d'Asie du Sud-Est. Parmi les Han, les descendants des Hoklo représentent environ 70 %, les Hakka 15 %, et les « waishengren » ceux liés aux migrants d'après 1949. Les analyses génétiques indiquent des origines chinoises du Sud avec des mélanges entre groupes austronésiens avant la migration. Seize communautés autochtones – Ami, Atayal, Bunun, Kanakanavu, Kavalan, Paiwan, Puyuma, Rukai, Saisiyat, Saaroa, Sakizaya, Sediq, Thao, Truku, Tsou et Yami – habitent les hautes terres de l'est et l'île des Orchidées. Leurs langues appartiennent à des familles austronésiennes et utilisent l'écriture latine ; leur utilisation a décliné en dehors des efforts de renouveau culturel.

Le mandarin domine le monde des affaires et de l'éducation, sans langue officielle légale. Les caractères chinois traditionnels demeurent le système d'écriture standard. Le hokkien taïwanais, parlé par 70 % de la population, et le hakka, parlé par 14 à 18 %, ont réapparu dans la vie publique depuis les années 1990. Un mouvement vise à simplifier les textes judiciaires en chinois vernaculaire, car de nombreuses décisions utilisent encore des formes classiques. Le chinois classique survit dans les contextes cérémoniels officiels, notamment l'hymne national.

La liberté religieuse est inscrite dans la Constitution. En 2020, les religions populaires représentaient 43,8 % des fidèles, le bouddhisme 21,2 %, les pratiques taoïstes 15,5 %, les religions non affiliées 13,7 %, le christianisme 5,8 % et l'islam 1 %. On compte environ 15 175 édifices religieux, soit un pour 1 572 habitants, dont 2 317 temples bouddhistes, 9 684 temples taoïstes et 2 845 églises. Les chrétiens autochtones constituent une minorité notable. Grâce à son niveau élevé de liberté religieuse, Taïwan est l'une des rares sociétés « ouvertes » d'Asie-Pacifique.

La culture taïwanaise est façonnée par la fusion des traditions chinoises Han, des coutumes autochtones, de l'héritage colonial japonais et des idées occidentales. Pendant la loi martiale, les autorités du Kuomintang ont promu une « Renaissance culturelle chinoise » afin de préserver les arts et la langue traditionnels. Après 1987, les restrictions se sont assouplies, permettant l'essor de la littérature, des médias et du monde universitaire. En 2022, Taïwan se classait au deuxième rang de la région Asie-Pacifique selon l'Indice de démocratie ; les libertés civiles et la liberté d'expression soutiennent une scène culturelle dynamique. Les récentes vagues de migrants hongkongais ont enrichi le discours, avec une moyenne de près de 9 000 arrivées par an entre 2019 et 2022.

Administrativement, Taïwan est divisée en régions du Nord, du Centre, de l'Est et du Sud, ainsi qu'en îles périphériques. Le Nord de Taïwan, ancré par Taipei, constitue le centre politique et technologique. Les régions centrales, Changhua, Miaoli, Nantou et Taichung, sont réputées pour leurs montagnes, leurs lacs et leurs parcs. Les comtés orientaux de Yilan, Hualien et Taitung, situés au-delà de la ligne centrale, offrent un patrimoine autochtone et des panoramas naturels exceptionnels. Les régions du Sud, Chiayi, Kaohsiung, Pingtung et Tainan, présentent des côtes tropicales et une architecture historique. Les îles périphériques, Kinmen, Matsu, Penghu, Green et Orchid, offrent des refuges locaux.

Les centres urbains s'étendent de Taipei, métropole mondiale avec des monuments tels que Taipei 101 et le Musée national du Palais, à Jiufen, ancien village minier réputé pour ses ruelles étroites et ses vues sur la mer. Tainan conserve son statut de plus ancienne ville de Taïwan, avec ses temples et vestiges coloniaux comme la maison dans les arbres d'Anping. Kaohsiung, troisième plus grande ville, abrite l'un des ports les plus actifs et un front de mer moderne. Taichung attire les visiteurs avec ses boulangeries et ses parcs culturels ; Hualien et Taitung offrent un accès aux gorges de Taroko et aux falaises côtières.

Les activités de plein air sont très prisées sur toute l'île. Les sources chaudes de Beitou, Wulai et Yangmingshan témoignent d'un héritage volcanique ; les bains publics exigent un nettoyage complet avant l'entrée et sont souvent séparés par sexe, bien que certains proposent des piscines privées, où le port du maillot de bain est obligatoire. Les sentiers de montagne vont des itinéraires faciles de Taipei aux randonnées de plusieurs jours à Yushan et Wuling Sixiu, pour lesquelles des permis et des loteries d'hébergement sont nécessaires. La pêche à la crevette dans des piscines intérieures, approvisionnées en crevettes thaïlandaises et accompagnées de cuisine sur place, est devenue populaire auprès des habitants comme des visiteurs.

Le nouveau dollar taïwanais (NT$) se subdivise en 100 cents (分) ; familièrement, yuan et kuài désignent l'unité, tandis que fēn, jiǎo et máo désignent les montants fractionnaires. Le coût de la vie est inférieur à celui du Japon et de la Corée du Sud, mais supérieur à celui de nombreuses destinations d'Asie du Sud-Est. Un budget quotidien minimal peut commencer à 1 000 NT$ ; les repas de rue coûtent 50 NT$ ou moins, la restauration rapide environ 150 NT$ et les restaurants haut de gamme plus de 1 000 NT$. Les hôtels haut de gamme peuvent proposer des chambres à 5 000 NT$ ou plus. Les taxis fonctionnent avec des tarifs au compteur ou fixes avec négociation facultative ; les pourboires sont rares en dehors des pourboires du chasseur.

Les coutumes et l'étiquette reflètent les principes confucéens de respect et d'harmonie. Les cartes de visite s'échangent à deux mains et s'inclinent légèrement. Les cadeaux tabous incluent les horloges, les chaussures, les couteaux et les parapluies, en raison de leurs connotations linguistiques ou symboliques. Il est obligatoire d'ôter ses chaussures avant d'entrer dans une maison, des pantoufles étant fournies. L'échange de cadeaux anonyme entre amis invite à la réciprocité en toute tranquillité. Les transports en commun réservent des places prioritaires aux personnes âgées, handicapées et enceintes. Dans les temples, les visiteurs doivent s'incliner devant les divinités, éviter de marcher sur le seuil et s'abstenir de pointer du doigt.

L'identité taïwanaise continue d'évoluer sous l'effet des pressions extérieures et des débats internes. Certains mettent en avant un héritage chinois singulier ; d'autres adoptent un nationalisme taïwanais distinct ou une perspective multiculturelle intégrant les récits des autochtones, des continentaux et des immigrants. Cette dynamique reflète plus d'un siècle de séparation d'avec la Chine continentale et un engagement en faveur des libertés démocratiques, qui façonnent sa société, sa culture et sa présence internationale.