Le Meso 'z tiblice est originaire du Međimurje, une petite région du nord de la Croatie, bordée de rivières, de vignobles et connue pour ses longs hivers. Pendant des générations, les familles de cette région ont eu recours à une conservation minutieuse de la viande pour survivre aux mois les plus froids, et ce plat est né directement de ce besoin. Il transforme le porc et le saindoux en une réserve compacte de nourriture et de saveur, conditionnée dans un récipient en bois appelé… tiblica et conservées dans une cave froide pendant des semaines, voire des mois.
Le meso 'z tiblice est avant tout un confit de porc, préparé selon une recette locale. Des morceaux d'épaule et de poitrine de porc marinent dans du sel, du paprika, de l'ail et du poivre, puis mijotent doucement dans du saindoux parfumé jusqu'à tendreté. Une fois cuits, les morceaux sont transférés dans une jarre ou un récipient et entièrement immergés dans la graisse fondue. En refroidissant, le saindoux forme une croûte protectrice qui empêche l'air d'entrer en contact avec la viande et ralentit sa conservation. Sous cette fine couche de graisse, le porc reste tendre, richement assaisonné et prêt à être tranché à tout moment.
La saveur est intense et harmonieuse. Le paprika, l'ail et le poivre noir confèrent à la viande une chaleur profonde, presque fumée, tandis que le saindoux imprègne chaque fibre de ces arômes. Sa texture se situe entre celle du porc confit et celle du canard confit : souple, juteuse et facile à trancher, avec une légère croûte dorée. Froide, la viande se découpe aisément en morceaux nets, parfaits pour les plateaux. Doucement réchauffée, elle s'attendrit davantage et se détache presque en flocons, nappée d'une fine couche de gras fondu.
À Međimurje, ce porc conservé est souvent présent sur la table lors des fêtes d'hiver, des réunions de famille et des journées traditionnelles d'abattage du porc (abattageLes hôtes disposent une planche en bois garnie de meso 'z tiblice, de pain frais, d'oignons rouges émincés, de poivrons marinés et de choucroute. Les invités coupent de fines tranches de viande, tartinent un peu de saindoux assaisonné sur du pain et composent leurs propres bouchées. Dans de nombreux foyers, un pot de porc au saindoux à la cave est synonyme de réconfort et de sécurité : un plat copieux à portée de main à l'arrivée des visiteurs ou en cas d'intempéries.
Cette version préserve l'essence du plat tout en l'adaptant à une cuisine moderne. Au lieu d'une grande cuve en bois et d'une cave non chauffée, elle utilise une cocotte en fonte pour la cuisson lente et un pot en céramique ou un bocal en verre à large ouverture pour la conservation au réfrigérateur. La quantité de sel est mesurée avec précision pour des raisons de sécurité alimentaire, et la température du four reste basse et constante pour une cuisson douce et homogène. Cette méthode convient parfaitement au cuisinier amateur qui souhaite retrouver le goût traditionnel sans avoir à gérer un cochon entier ni une cave en pierre.
Côté organisation, le meso 'z tiblice s'intègre parfaitement aux semaines chargées et aux périodes de fêtes. Le porc marine une nuit, cuit une seule fois, puis repose sous du saindoux, ce qui lui permet de développer ses arômes jour après jour. On peut ensuite en découper des portions au besoin, les servir froides avec du pain et des salades, ou les faire revenir rapidement à la poêle pour un dîner chaud. Ce plat est naturellement sans gluten ; le gluten provient uniquement des accompagnements comme le pain ou les quenelles. Pour des portions plus petites, il est possible de diviser la recette par deux et de conserver la viande dans plusieurs petits bocaux.
Pour les amateurs de cuisine croate, ce porc confit offre un aperçu direct de la vie rurale, d'hier et d'aujourd'hui. Il illustre comment quelques ingrédients simples – porc, saindoux, sel, paprika et ail – peuvent se transformer en un mets à la fois pratique et profondément savoureux, un luxe discret qui naît du temps, de la patience et d'une bonne matière grasse.